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书评|克莱尔·傅丽叶:杨佴旻的《优雅论》

2023-06-09 20:00:33来源:北京文艺网    作者:Claire Fourier

   
由于我的孤陋寡闻,以前的我并不知道杨佴旻的存在。多亏独木舟出版社出版的这本小书,我欣喜地发现了这位画家、诗人,他是中国的先锋艺术家之一,复兴了 “文人”的精神——给我们带来了在文化大革命的残酷之后的文雅和细腻的灵性。

杨佴旻《优雅论》
  独木舟出版社(巴黎) 2021
  Yang Ermin
  Traité de l’élégance
  Éd. du Canoë, 2021.

 《优雅论》——

  由于我的孤陋寡闻,以前的我并不知道杨佴旻的存在。多亏独木舟出版社出版的这本小书,我欣喜地发现了这位画家、诗人,他是中国的先锋艺术家之一,复兴了 “文人”的精神——给我们带来了在文化大革命的残酷之后的文雅和细腻的灵性。

  杨佴旻将传统中国水墨画现代化,用色彩水墨发展墨色水墨。他的主色调融合了淡紫色、粉红色、蓝色、白色和水绿色。这些画作描绘了风景、静物(中文为“花卉”)、窗户、新鲜的或褪色的花束。使用轻盈的材料,再通过水墨画特有的朦胧感进一步淡化,散发出温暖、活泼的气息。

  这位艺术家的一幅幅水墨画,道出了什么是迁离,什么是存在的不完整性,不禁让人想到日本的“浮世绘”版画。

  杨佴旻从青年时期就在北京和东京两地生活,深受中日两国文化艺术的影响,所以他通过儒家和神、道教的混合来重塑中国题材?

  他高度的敏感性为他打开了西方世界的大门;他的绘画风格和色彩让人想起塞尚、点彩派、维亚尔和莫奈。

  因为这都是来自于对造型美的感知,孕育了既饱含热情又充满忧郁的沉思,

  因为这种敏感性有属于时间流逝和自我打造出的谦逊和熟悉的面貌,

  因为这种敏感性有一种平和与关怀的期望,用以摆脱庸俗,

  因为这种敏感性有一种支配真正文化的节制感,

  这些水墨画散发着一种宁静的气息,它建立在对生活细节的关心和对空间的关注之上,建立在对家庭生活中的琐事予以崇高的感激之上——即建立在家庭场景和庄严艺术的结合之上。

  杨佴旻也将以语言形式表现出来的俳句转化为图画形式。和松尾芭蕉一样,他以平和简洁的方式 “捕捉”了生活。而且,他是诗人。毛笔和钢笔的精确而有穿透力的声音向我们的心中传递情感:

  “我叹息

  我们不能放弃幸福……

  我已等得太久”。

  “优雅论”。——什么是优雅呢?亨利·福西永(Henri Focillon)说:"优雅是不允许自己硬化或被困在公式里的艺术"。优雅还是什么呢?一个唯美主义者(或花花公子)的禁欲主义?大胆和谦虚的混合?严肃和嬉哈的融合?简洁的方式?把规律的生活节奏带入杂乱无章的情绪中?是克制?是卓越的秩序感?在我看来,以上都是。

  杨佴旻是一位有深刻思想的艺术家,他为我们提供了世界所缺少的东西:内心的光,一种感知,与事物本质亲密接触的温柔,一种“大脑的平静”(如马蒂斯所说的自己作品的目的性)。

  杨佴旻,《论优雅》,绘画和文字,带有中国学家的介绍,独木舟出版社,2019,90页,18欧元。独木舟出版社将出版一系列关于中国艺术的书籍。 翻译:魏雨(Wei Yu)

克莱尔·傅丽叶( Claire Fourier)

  Yang Ermin
  Traité de l’élégance
  Éd. du Canoë, 2021.
  Lecture par Claire Fourier

  Traité de l’élégance.

  Parce je suis un archipel de lacunes, j’ignorais l’existence de Yang Ermin. Je découvre avec bonheur, grâce au petit livre que lui ont consacré les Editions du Canoë, ce peintre-poète, né en 1971, qui s’inscrit dans l’avant-garde chinoise des années 80, renoue avec l’esprit des « lettrés » – nous donnant à voir un raffinement et une spiritualité délicate qui succèdent à la brutalité de la Révolution culturelle.

  Yang Ermin modernise le lavis en utilisant non plus l’encre noire, mais la couleur. Sa palette marie des camaïeux de mauve, rose, bleu, blanc, vert d’eau. Les tableaux représentent des paysages, des natures mortes (« natures calmes », en chinois), des fenêtres, des bouquets frais ou qui se fanent – dans une matière légère et qu’allège encore le flou propre au lavis, qui exhale une tiède et vivante haleine.

  Ces « eaux colorées » de l’artiste, qui disent bien ce qui bouge et fuit, l’inachevé de l’existence, rappellent les « scènes du monde flottant » de l’estampe japonaise. 

  De là que Yang Ermin me paraît plus japonais que chinois. – Est-ce parce qu’il a épousé une Japonaise et séjourne fréquemment au Japon qu’il a remodelé la matière chinoise via un mélange de confucianisme et de shintoïsme ?

  Sa sensibilité érudite l’a également ouvert à l’Occident ; la facture et le chromatisme des tableaux renvoient à Cézanne, aux pointillistes, à Vuillard, à Monet (juste retour d’influences).

  Parce qu’il y va du sens plastique qui naît d’une contemplation à la fois ardente et mélancolique, 

  Parce qu’il y a là les aspects humbles et familiers qui appartiennent au temps qui passe et qu’il fait,

  Parce qu’il y a là une volonté patiente et soucieuse d’échapper au vulgaire,

  Parce qu’il y a là le sens de la mesure qui préside à la véritable culture,

  Ces lavis dégagent une sérénité, laquelle repose sur l’attention à l’infime nouée au souci du spacieux, sur la reconnaissance de la noblesse des petits riens de la vie domestique – sur un mariage entre intimisme et majesté.

  Yang Ermin traduit ainsi dans le tracé pictural ce que le haïku traduit dans le tracé verbal. Comme Basho, il « ramasse » la vie dans une concision paisible. Et lui aussi, écrit des poèmes. Le son juste et pénétrant du pinceau et de la plume propage en nous une émotion : 

  « Je soupire


  Nous ne pouvons renoncer au bonheur […]


  J’ai déjà attendu trop longtemps »


  « Traité de l’élégance ». – Qu’est-ce que l’élégance ? « L’art de ne pas se laisser endurcir, enferrer dans des formules », disait Henri Focillon. Et aussi ? Un ascétisme d’esthète (ou de dandy) ? Un mélange de hardiesse et de modestie ? de gravité et d’enjouement ? La simplicité d’approche ? Le rythme régulier d’une vie jusque dans la foison disparate des états d’âme ? La retenue ? Un sens supérieur de l’ordre ? Tout cela, d’après moi.

  Yang Ermin, un artiste pensif qui nous offre ce dont le monde est en manque : une lumière intérieure, une sensualité, la douceur d’un contact intime avec l’essence des choses, un « calmant cérébral » (selon la finalité que Matisse assignait à son œuvre).

  Yang Ermin, « Traité de l’élégance », peintures et textes, avec présentation de sinologues, Editions du Canoë, 2019, 90 pages, 18 euros. Les Editions du Canoë publieront une série de livres sur l’art chinois. 

  (编辑:李思)

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